Quand on s’installe dans l’espace, il est difficile de poser un regard simple sur la dignité du monde qui nous entoure sans toucher à l’intime.

J’essaie de rester au bord de l’intuition parce que toutes choses ; les arbres, les pentes, les creux, la rivière, l’ombre, et tout ce qui vole dans le vent possède leur intime.

Alors j’appuie sur le déclencheur quand j’entends ce qui parle en moi, en regardant le temps glissé dans l’infini.

ZIGOR – 2023

 

 

 

Kepa Akixo dit Zigor, est un sculpteur,  photographepeintre et poète, né en 1947 à Aretxabaleta (Guipuscoa), au Pays Basque.

Ses carnets de poésie sont publiés dès 1973. Il parcourt le monde jusqu’en 1982 en tant que reporter photographe pour de grands magazines et pour l’agence Capa press. Il voyage ainsi, notamment dans le désert du Sahara et ces expériences de vie lui content des tissus communs : la terre et la langue. Cette écoute profonde influe sur son regard et ses clichés, entre intuition et fulgurances. Après sa carrière de reporter, Zigor ne touche plus son Leica durant plusieurs années.

En 1983, il décide de s’adonner totalement à la sculpture et s’inscrit rapidement dans le sillage des grands sculpteurs basques contemporains. Zigor puise son inspiration dans la nature, dont il renouvelle le mouvement originel d’un chaos qui s’organise.

C’est dans les années 2010 qu’il ressent le besoin de reprendre en main cet outil de contemplation, cette fois avec un parti pris totalement artistique. Ici, pas de couleurs qu’il considère distrayantes. Portraits et paysages jouxtent l’œuvre photographique de Zigor, où le noir et le blanc prolonge la texture poétique saisie.

Pour Zigor, sculptures, photographies, peintures et poèmes se font écho et donnent à ressentir la puissance archaïque et universelle d’une terre et d’une humanité reliées par les racines.

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Je photographie avec une sensation d’urgence anthropologique parce que le but ultime est aussi de faire un travail de mémoire.

Je sais à quel point demain sera autre. Demain tout aura été bouleversé et je ressens à l’avance le drame du changement.

Dans mes photos, le noir et blanc est sombre et contrasté parce que cette forme dramatique de la narration m’a toujours profondément ému.

J’ai des difficultés à mettre de la couleur sur la couleur existante. Le noir et blanc me permet de dire ce que la couleur cache. La couleur nous permet de reconnaître et le noir et blanc, peut-être, de connaître.

ZIGOR – 2023